H. Fédida. Présidente d’ARCAD. (Association de Rencontre pour la Création Artistique et son Développement.) ANGLET. (2015)
L’invitation d’Alain Jouve à son exposition « De l’Art ou du Cochon » pouvait résonner comme un canular, pour ne pas dire une … farce ! Il est vrai que l’artiste ne dédaigne pas le calembour , proposant le terme de « Peint’hures » pour désigner l’ensemble de ses » portraits de cochons », présentés à la Galerie des Corsaires du 04 au 17 avril derniers.
Ne soyez pas choqués, le terme de « portrait » est tout à fait approprié: par le choix du point de vue et du cadrage le peintre place effectivement le spectateur en tête à tête , face à chacun de ces individus singuliers, et lui donne la capacité d’apprécier le moindre détail de sa physionomie, de son expression particulière.
Au bas de chaque tableau se déroule une petite frise de vignettes, écho profane des prédelles de retable, sorte de comptine déclinant joyeusement le « petit cochon » de notre enfance.
Car si le cochon, contrairement à ses compagnons de l’Arche de Noé, est rarement représenté dans la noble histoire de la peinture, il est en revanche très présent sur les images les plus familières de nos tendres années… Celles où l’on n’avait pas encore compris d’où venaient les délicieux saucissons, saucisses et autres pâtés…
Et comme un jour l’existence du Père Noël ou de la Petite Souris, la tragique destinée du cochon, devenu « porc », nous est révélé dans sa terrible évidence sur le mur du fond de la dernière salle, par le « triptyque au crâne ».
Vous l’aurez compris, attirés par l’apparente jovialité de ces images colorées, le visiteur entré dans la ronde des cochons (car la galerie de portraits se déroulait en cortège au pourtour de la salle), finissait par la Scène suprême, celle de « La Vanité » dont l’objet est d’évoquer le caractère éphémère de la vie… Rien n’est plus trompeur qu’un calembour !